Et si les clubs réinventaient le sport… en se réinventant ? Patrick Bayeux
Petit Bain, 14/05/2025
Clubs : continuer, évoluer, se repositionner, Patrick Bayeux - Décideurs du Sport
3 questions pour une démonstration :
Doit-on continuer comme aujourd’hui ?
Quels sont les défis à relever ?
Quelles conditions de réussite pour quel positionnement ?
Pour Patrick Bayeux, il s’agit de repenser le périmètre du service public du sport.
1- Doit-on, peut-on continuer comme aujourd’hui ?
Patrick Bayeux présente l’évolution en 3 temps du système institutionnel.
Premier temps
Jusqu’aux années 70, un système simple : État chef de file, des acteurs, des compétences
Deuxième temps
Années 70-80 à fin des années 2000, un système qui se complexifie : émergence de la télévision, co-financement, superpositions des interventions, pas de concertation entre les acteurs
-> Sport à vocation administrative (éducation, compétition) = financement public / contribuable
-> Sport à vocation commerciale = financement privé / client
Perméabilisation des finalités entre les différents acteurs : délégataires de service public et clubs professionnels
Troisième temps
La « nouvelle gouvernance du sport » : compétences partagées, responsabilités réparties
Entre 1985 et 2025, peu de choses ont changé : 73,8 % des Français avaient une pratique physique régulière contre 71 % ou 76 % aujourd’hui selon les sondeurs. Les chiffres sont comparables mais la population a grandi et vieilli. Il y a au pire une régression, au mieux une stagnation. Plus on vieillit, moins on pratique.
Les disciplines les plus populaires restent la marche à pied, le vélo, la natation et la culture physique, la pratique diffère selon la catégorie socio-professionnelle.
2- Quels sont les défis à relever ?
L’un des principaux reste le plafond de verre des 71-75% de pratiquants ? Peut-on le dépasser ? Plusieurs difficultés émergent :
1. Pyramide des âges et démographie
La population française vieillit et pratique moins, ce qui impacte les taux globaux de pratique
2. Problèmes de santé
Premier frein à la pratique, notamment après 50 ans.
3. Désintérêt pour le sport
29 % de non-pratiquants n’aiment pas le sport, manquent de temps ou sont empêchés pour des raisons de santé.
Et le sport professionnel ? Apparemment un modèle à bout de souffle entre des droits TV exorbitants et des subventions à la limite de la légalité pour les grands clubs non couverts par un intérêt télévisuel (basket, handball, volley).
Des clubs à la croisée des chemins et des tendances lourdes
- Évolution démographique et choc générationnel - génération Z : totalement dépendante du numérique, prête à des formes d’engagements de courte durée.
- Évolution des modes de vie et des demandes sociales - rapport au temps : rythmes de vie diversifiés, seule l’institution scolaire semble encore figée - 75 % de la génération Z fait du sport pour une question de mental, 60 % a une pratique solitaire et informelle, 72 % pratique pour l’entretien du corps, la forme ou la santé - Place de la licence sportive : de l’aveu même des fédérations, un modèle auquel elles croient de moins en moins.
- Accélération de la transformation digitale et développement de l’IA - digitaliser le passé (inscription en ligne, réservation…) ou anticiper l’avenir (gamification, immersion, interaction, contenu, nouvelles formes de communication, nouvelles formes d’engagement entraînant la création de nouvelles formes de pratiques) ?
- Enjeux climatiques et environnementaux - l’enjeu est-il la nature de la pratique sportive ou ce qui génère cette pratique ? Une piscine coûte moins cher au m2 qu’un centre commercial. La rénovation d’installations est souvent plus onéreuse que la reconstruction (impensé des politiques publiques). Penser la cohabitation des pratiques dans des installations superposées par étages est une solution pour l’avenir.
- Évolutions géopolitiques et institutionnelles - émergence du Sud Global, création de ligues fermées : tennis, golf
- Inclusion équitable - hier : soutien à la structure dans un souci d’égalité ; aujourd’hui : soutien à la personne dans un souci d’équité.
- Raréfaction des ressources pour les collectivités locales - recherche de nouveaux modèles économiques (initiatives privées aux clubs / équipements aux collectivités vs. montages sports/équipements portés par les clubs vers les collectivités).
3- Quelles conditions de réussite pour quel positionnement ?
Patrick Bayeux conclut son exercice de prospective…
… en précisant que nombreuses sont les questions posées au plan politique (approche sociétale du sport), stratégique (modèle à reconstruire à partir des territoires sur une logique polycentrique maillée et une répartition des compétences) et tactique (regroupements à partir de « proximité de pratiques » selon une échelle territoriale et le public/activité visés, en complémentarité public/privé).
… et en posant sur la table des questions de fond auxquelles il faudra bien apporter une réponse :
Quelle est la place du club dans la vision, le modèle, les équipements du sport de demain ? Hybride ? À l’ancienne? Multisports ? Service (garderie) ?
Quelle politique publique pour le sport ? Quelle définition de la notion de délégation de service public ?
La littératie physique, une nécessité, un élément clef de la pratique des APS.
Repenser le sport à partir des territoires (intercommunalités).
Redéfinir le service public : aux fédérations délégataires, l’organisation des compétitions ; à une organisation dédiée, le développement des APS ?
Pourquoi ne pas créer un Pass’APS gratuit pour le sport loisir incluant une assurance, promu par le Comité Olympique en partenariat avec une assurance ?